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Le marché du colza est chahuté par les tensions commerciales

Après une récolte européenne 2024 faible, la disponibilité restreinte en graines jusqu’à l’arrivée des nouveaux volumes tend la fin de campagne.

Bras de fer géopolitique, volatilité sur les huiles et fondamentaux fragiles font hésiter le marché des oléagineux.

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Le marché du colza évolue au rythme saccadé des annonces politiques. Depuis début avril, les tensions commerciales ravivées par Washington ont semé le trouble. La nouvelle salve de droits de douane américains a immédiatement entraîné une réplique chinoise. Pékin a augmenté les taxes à l’importation provoquant ainsi une fermeture partielle des débouchés du soja américain. Dans ce contexte le complexe soja à la Bourse de Chicago est fragilisé, tout comme l’était déjà le canola canadien également sous l’injonction de taxes de 100 % pour le débouché chinois.

Le 9 avril dernier, à peine sept jours après cette annonce, l’administration Trump bloquait leur mise en place pour les 90 jours à venir, prenant de court à nouveau le marché. Les opérateurs, échaudés, avancent dans un climat de méfiance généralisée. En quelques semaines, les cours du colza ont perdu 70 €/t avant de regagner 50 €/t, illustrant la nervosité d’un marché davantage bousculé par les décisions diplomatiques que par les fondamentaux sur le court terme.

Le colza sensible à la baisse du pétrole

À la géopolitique s’ajoute un cocktail économique incertain. Sur fond de menaces de récession, les marchés se contractent. Les cours du pétrole brut tombent ainsi à leur plus bas niveau depuis quatre ans, impactant les cours du biodiesel. Pour le colza européen, le débouché du biocarburant représente près de 60 % des volumes. En parallèle, les cours des autres huiles végétales hésitent. La production d’huile de palme ralentit saisonnièrement, ce qui limite pour le moment l’impact de la baisse de l’or noir sur les prix.

Dans ce contexte, le marché de l’huile de colza est tout aussi volatil. Les marges de trituration sont chahutées par des prix de l’huile qui ont fluctué dans une fourchette de 100 €/t sur le mois écoulé. La situation est d’autant plus incertaine que le jeu des devises vient brouiller les cartes. L’euro, dopé par la chute du dollar, atteint un plus haut de six mois, pesant également sur les prix européens.

Une campagne 2025 sous le signe de la vigilance

Après une récolte européenne 2024 faible, la disponibilité restreinte en graines jusqu’à l’arrivée des nouveaux volumes tend la fin de campagne. Les regards se tournent donc vers les perspectives de production à venir. En France, les surfaces de colza reculent de 4,1 % sur un an selon Agreste, tout en restant supérieures à la moyenne des cinq dernières années. Les conditions hivernales ont été plutôt clémentes, mais l’offre européenne demeure fragile. La production de l’Union européenne pourrait atteindre 19,2 millions de tonnes, portée par une bonne dynamique en Europe de l’Est.

Mais cette embellie cache une dépendance persistante aux importations. L’Ukraine, principal fournisseur de l’Union européenne, voit ses surfaces chuter de 9 %, conséquence d’une sécheresse automnale. La récolte, estimée à 3,4 millions de tonnes, contre 3,8 millions de tonnes l’an dernier, ne suffira pas à alimenter pleinement les besoins européens. Progressivement, les fondamentaux devraient reprendre l’ascendant sur l’évolution des prix. Le manque structurel de volume devrait maintenir une certaine fermeté d’ici la récolte.

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